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Haro sur les « voleurs de poules » ! Est-ce bien justifié ?

Flèche-Bas

Un grand événement organisé en France sans polémique et autres vacheries entre partenaires officiels serait une exception dans notre tradition de se tirer des balles dans le pied. A six mois du coup d’envoi des Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris, chacun y va de sa critique perfide avec des arrière-pensées non dénuées d’électoralisme qui font tâche dans le paysage.

C’est la cata ! On ne sera pas prêt ! La circulation dans la capitale sera impossible et la cohabitation entre visiteurs et Parisiens résidents sera intenable pendant tout l’été ! Les avertissements prémonitoires d’un désastre à tous les niveaux fusent de toutes parts… et que dire des hôteliers, ces viles commerçants assoiffés de profits, qui veulent exploiter les visiteurs olympiques avec des tarifs stratosphériques. Ils étaient déjà traités d’éleveurs de punaises de lit, voilà maintenant qu’ils passent pour des voleurs de poules.

A l’approche des JOP 2024, le spectacle est désolant et se déroule sous le regard de la presse internationale qui n’en demandait pas tant pour faire ses choux gras. Beaucoup d’approximations, beaucoup de contre-vérités, beaucoup de nervosité, déployées alors qu’il y a fort à parier que les Jeux Olympiques et Paralympiques seront une formidable réussite.

La célébration du Nouvel An tant redoutée sur les Champs-Élysées s’est transformée en grande fête populaire, bon enfant et impressionnante de qualité.

Nous avons ce talent inégalé pour créer nos propres difficultés et vouloir pointer du doigt des responsables à jeter en pâture. Les hôteliers et globalement tous les hébergeurs marchands sont dans le collimateur en brandissant çà et là des exemples de tarification hors de proportion.

Les hôteliers ne sont pas dupes de la réalité. Les accords entre partenaires officiels et organisateurs des Jeux ont acté depuis longtemps une réelle modération tarifaire, même si des ajustements sont réclamés face aux hausses de charges.

Les représentants des organisations professionnelles multiplient les interventions pour affirmer la responsabilité des acteurs parisiens et condamner les quelques excès montés en épingle. L’expérience d’autres événements majeurs montre que les visiteurs savent faire preuve de bon sens et qu’ils ne cèderont pas aux injonctions de payer six fois plus cher une chambre sous prétexte de pénurie.

Au fur et à mesure de la montée des réservations, on va vite s’apercevoir qu’il y aura largement de quoi héberger tout le monde sur une période désertée par les entreprises qui font en temps normal plus de 50% des nuitées parisiennes. Les espoirs des loueurs occasionnels et des profiteurs potentiels seront assez vite ramenés à la réalité de la loi du marché, de l’offre et de la demande.

Alors pourquoi faire autant de bruit pour – presque - rien ? Paris et la France seront un peu plus que d’habitude sous les projecteurs internationaux et la logique voudrait qu’on oublie les rivalités habituelles pour « jouer collectif ».

Pourquoi s’offusquer que les retombées économiques des grands événements exceptionnels ne profitent pas – un peu – à ceux qui en feront le succès. Le sponsor hébergement officiel du CIO, l’Américain Airbnb, appelle-t-il à modérer ses « hôtes » propriétaires ? Est-il normal que les forfaits hébergements à forte valeur ajoutée soit contrôlé par On Location, un autre prestataire américain ? Et qu’en est-il des compagnies aériennes américaines ou asiatiques qui ne pratiquent pas vraiment la modération tarifaire ? Les voleurs de poules ne sont-ils que français ?

Les JOP 2024 sont un formidable levier d’accélération des transformations urbaines comme l’ont été avant eux les grandes expositions universelles. Certes, certaines liaisons terrestres ne seront pas achevées et on peut le déplorer… Le Grand Paris Express a néanmoins pris un coup de boost et on peut se féliciter de la revitalisation de la Seine-Saint-Denis et des aménagements du fleuve.

Londres, notre éternel concurrent, a réussi à transformer l’essai olympique en renforçant sa fréquentation pendant les années suivantes, tout comme Sydney il y a 25 ans. Pourquoi s’évertuer à se fustiger collectivement alors que la cohésion est nécessaire ?

Au moment même où notre position comme 1ère destination mondiale du tourisme va être ravie par notre voisin espagnol, nous avons besoin d’un sursaut d’attractivité et d’un regain de valeur ajoutée.

Ce n’est pas en s’accusant mutuellement d’incapacité qu’on va y arriver. Un Laurent Fabius, avec sa COP 21, a réussi à faire de Paris une référence des préoccupations environnementales. On pourrait souhaiter qu’il en soit de même avec l’organisation des JOP 24 et autres événements mondiaux qui nous imposent aussi comme un référent industriel de l’hospitalité.

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